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Julius

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Couverture :
Ce roman raconte les derniers mois d’un jeune compositeur prodige du dix-neuvième siècle, Julius Reubke. Personnage romantique par excellence, brillant élève de Liszt, arraché trop tôt à une carrière prometteuse, il laisse derrière lui une œuvre peu abondante, mais qui comprend une monumentale sonate pour orgue.
Le roman permet à l’imagination de suppléer aux lacunes de l’histoire et tente de retracer les circonstances de la naissance de cette sonate.

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Prix : 20.- CHF, port en plus
Livre disponible seulement au Liboson, voir Contact ou Commander

La sonate pour orgue de Julius Reubke mentionnée dans ce roman a été enregistrée par Nicole du Marchie v.V.

Voir CD orgue

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Extrait (pages 5-6) :

La jeune fille et la mort

Une longue silhouette noire s’avançait lentement vers le bord de l’eau. Elle semblait hésiter devant l’immense étendue grise dont les contours demeuraient incertains. Ici et là des herbes ondulaient à la surface, surgissant de nulle part, venant comme d’une terre laissée à elle-même. On aurait dit des chevelures abandonnées. Frileusement, la jeune femme resserra les pans de sa cape. Un vent léger mais glacial s’était mis à souffler, formant des rides sur l’eau, troublant l’image des nuages qui jouaient à cache-cache avec leur reflet. On n’entendait aucun bruit. Même le croassement des corbeaux dans le lointain s’était tu. Elle frissonna soudain, le cœur triste à l’idée de le savoir là, enseveli sous la terre noyée par les débordements d’un fleuve que les excès de l’hiver ne parvenaient plus à contenir. Son visage, ses mains…
Elle se détourna, sans plus réprimer ses larmes. Et pouvoir ainsi laisser les gouttes salées jaillies de ses yeux brûlants rejoindre une à une l’eau froide qui venait lui lécher les pieds, cette même eau qui retenait son ami en son sein, lui apporta quelque apaisement ; elle se redressa et commença à chanter. Sa voix, d’abord retenue, s’éleva comme un sanglot qui s’échappe, puis libérée, éclata dans sa magnifique puissance. Elise chantait de tout son être le lied qu’il avait composé pour elle ; elle chantait pour lui ! Il lui semblait qu’à travers sa musique, elle prenait part à la naissance du monde et ne faisait plus qu’un avec la terre, le ciel et l’eau.
Un homme s’approcha. C’était le pasteur du village ; il attendit, pour ne pas l’interrompre dans son recueillement ; puis, tendrement il lui prit la main ainsi qu’à une petite fille et la ramena vers l’église de « Maria zum Wasser », Marie des Eaux, la bien-nommée. Tout en marchant il lui parlait avec douceur ; et les mots l’enveloppaient, tel un bercement. Le pasteur était un homme simple, de la campagne, à l’image de ses paroissiens, un homme à l’écoute des gens, qui comprenait la douleur et n’essayait pas de l’adoucir par des paroles creuses, de ces paroles de circonstance dont usent habituellement ceux qui cherchent à dissimuler leur indifférence. Il lui expliqua qu’il n’y avait rien que l’on pût faire pour sauver l’ancien cimetière désormais abandonné aux caprices de la nature, disparaissant la plupart du temps sous les crues depuis qu’une digue avait cédé. Et il se mit à lui raconter comment s’était passé l’enterrement qu’il avait célébré ici-même six mois plus tôt.
 

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